Le Hall, c’est mon repaire. De ce côté, je suis plutôt bien tombée, d’un point de vue purement géographique et fonctionnel…mais ça, vous le savez depuis le temps que je vous en parle !
Mais force est de constater qu’ici les choses sont bien différentes par rapport à la France en ce qui concerne la “vie de résidence étudiante”…’fin je sais pas comment c’est chez vous mais jusqu’à présent j’avais plus tendance à sortir avec des potes de classes/clubs/assoc’… plutôt qu’avec l’intégralité de mes voisins de paliers.
Mis à part la salle commune, il y a un café au rez-de-chaussée qui doit organiser en moyenne 4-5 soirées par semaine : ça va de la soirée donut au cours de danse écossaise en passant par les jellys-shooter (de la vodka gélifiée, c’est assez concept j’dois dire) et autres joyeusetés…
Il y a aussi les fêtes d’étage. Généralement, c’est les « seniors », des habitué de la maison (genre thésards) qui organisent tout ça et c’est complètement sympathique : cocotiers en plastiques, rhum à gogo, sorbets et poulet épicé à volonté cuisiné avec amour par les wardens pour la dernière fête sur le thème des Caraïbes, for example…
Les fêtes en question se terminent généralement par une virée dans un bar/bowling/pub quelconque vers Piccaddily Circus et c’est un coup à se retrouver un peu éméché sur le dos d’un lion à Trafalgar Square ou perché au milieu d’une fontaine sur un cheval en bronze passé minuit.
Il y a aussi le ptit dèj’ gracieusement offert le dimanche matin pas ces mêmes seniors, l’occasion rêvée de croiser tout le monde en pyjama…et aussi les cook-off aka cuisine contest qui sont généralement folklorique à souhait…et puis les visionnages de matchs dans la cuisine…d’ailleurs, vous ai-je dit qu’il y avait un écran plat énorme entre les placards ? XD
Bref, l’ambiance est plutôt bon enfant. J’ai beaucoup de potes Erasmus qui se plaignent passke leurs collègues d’étages passent leurs vies dans leur chambres et ici c’est pour l’instant loin d’être le cas
Genre l’autre soir c’était le nouvel an indien…je me suis retrouvée kidnappée pour une grosse bouffe d’étage avec force curry et autres plats supers-bon (ils font des pâtisseries vraiment sympas en Inde) préparés par les mamans des étudiants hindous du Hall. Toussa avant de me faire tagger un point rouge au milieu du front avec la bénédiction de Ganesh pour aller tirer des feux d’artifices entre les résidences sous la pluie. Y a moyen de se distraire quoi…
La prochaine fois j’vous raconterais mes mésaventures de cours, les expéditions chez harrod’s et autres virées londonienne…c’est qu’il s’en passe des choses ici, mine de rien !
Les ptits loups, aujourd’hui je vais vous narrer l’épisode le plus navrant de ma modeste semaine, le tout sur fond de vadrouille et autres correspondance en trains, plus ou moins foireuses.
L’art de la Fraude, les gens.
Allons, pas de chichis entre nous, on l’a tous fait. Ou si c’est pas encore le cas, passez à l’acte. Quelqu’en soit l’issu, ça vous feras toujours un truc en plus à raconter à vos ptits enfants/chats/parents/chèvres/whatever.
Vivons dangereusement, que diable.
Tout ça pour dire que vendredi j’ai quitté le soleil londonien pour les contrées brumeuses de la Belgique, en Eurostar. Au passage, Londres St Pancras a nettement plus la classe que Paris Gare du Nord. Mais OSEF.
Arrivée à Brussel, je zigzag avec aisance entre sacs, voyageurs et autres dockers du week-end pour tomber en arrêt sur le panneau d’affichage des trains. Départ de ma correspondance dans 5 min, pas le temps de prendre un billet. Je me jette dans le train, bien entendu, vous pensez bien !
Et donc là, entre deux wagons, il y avait ce panneau qui explique que la fraude c’est mal et que par conséquent, vous allez raquer sévère. Mais comme dirait mon père : quand on fait une connerie, c’est pas grave tant qu’on se fait pas choper. Un vrai philosophe, mon papa.
Donc avec un courage aussi naïf que stupide, je reste entre les deux wagons en espérant que le contrôleur ne passera pas et que tout va rouler. Au pire, je trouverais bien une parade. Tant que j’y étais, j’aurais du demander un Big Mac avec des frites et un coca, hein…
Évidemment, la contrôleuse se pointe. Moi, j’étais scotchée entre les strapontins et le porte bagages en lui tournant le dos, mon téléphone collé sur l’oreille, plongée dans un débat aussi imaginaire que passionnant avec mon cousin Alphonse, éleveur de pingouins nains au Kazakhstan extérieur. Bizarrement, ça n’a pas marché et au bout de deux bonnes minutes, la bonne femme me tapote l’épaule pour me demander mon billet. Vous êtes en droit de vous gausser.
Grand sourire et déballage de sacs sur le sol. Genre mon billet a sûrement glissé au fond au milieu de mes affaires, entre mon pyjama et une paire de jean, vous pensez bien !
Pour en rajouter, j’étale mes billets d’Eurostar et la demi-douzaine de billets de trains, vestiges de précédentes vadrouilles, en me disant que si je noies le poisson, ça passera peut-être.
En voyant les billets d’Eurostar, la contrôleuse s’étonne avec un accent belge aussi cordial que du papier éméri :
« Oh, you’re english ! »
Et moi de répondre :
« Euuuuuuh…Yes ! » le tout dans un franglais impeccable et pas provincial pour un sous, avec une spontanéité toute londonienne. Ridicule quoi.
Et la voilà qui chope mon billet d’Eurostar, lance un « Perfect ! » et le poinçonne avec la dernière énergie. Là-dessus elle se casse et me laisse médusée avec le sentiment d’être l’andouille du jour.
Finalement, j’ai voulu frauder mais j’en ai même pas été capable. L’honnête, people, est chez moi une qualité intrinsèque.
Pour votre gouverne, sachez donc que quand on prend un billet via Eurostar pour la Belgique, on gagne en prime un allez simple dans le pays pour une correspondance x ou y. Bon à savoir, n’est-ce pas ?
Mais bref. La fraude c’est mal et ne comptez pas sur moi pour vous expliquer comment frauder dans un Thalys, tout en limitant les dégats avec une amende considérablement réduite si jamais le plan échoue. Non mais oh quoi.
Dans un registre nettement plus scolaire, sachez que je brûle d’envie de vous raconter mes mésaventures au College avec mes ptits camarades de classe et tout le bataclan, mais sachez que pour l’instant, je n’ai pas encore eu un seul cour officiel. Ça s’annonce épuisant, cette année.
People, il m’est venu une réalisation l’autre jour.
Vous avez probablement déjà eu droit à ce genre de débat avec vos grands-parents (ou une entité approchante), peu de temps après la suppression du service militaire.
Pour faire court : « Le service militaire c’était bien, on avait un brassage des couches sociales et ça nous endurcissait en nous apprenant la discipline. » Ou un laïus du même tonneau.
Ce qu’il faut maintenant constater, c’est qu’à défaut de service dans une caserne, on a les permis de conduire des auto-école. Et là, le parallèle que l’on peut établir entre les deux me paraît flagrant.
Brassage des couches sociales ? check.
Le permis de conduire, c’est ZE exam’ qui nous rassemble tous, dans une même douleur, la galère universelle du peuple français. Vous pouvez avoir fait l’X et être un branque sur les bancs de l’auto-école. Peu importe votre look/bronzage/accent, de toute façon quand les diapos du code défilent, il fait noir et on la boucle en tachant de pas s’endormir.
C’est même encore plus fort que ça puisqu’il suffit de regarder autour de soit dans les salles obscures et claustrophobisantes des cours de codes pour constater qu’il y a aussi toutes les tranches d’âges.
La seule différence avec le service militaire c’est qu’on reste dans son département et que les parisiens ont moins l’occasion de faire la découverte des joies de la province. Les pauvres.
Endurcissement ? check.
Passke bon, faut se les taper les heures en bagnoles avec les moniteurs et rire et chansons en fond sonore. Si c’est pas l’équivalent de la corvée de chiottes ça, ma bonne dame…
Il me semble que peu importe l’endroit où l’on se trouve, on retrouve les portraits type de moniteurs d’auto-école :
Le bavard : confond ses élèves avec un psychiatre et raconte sa life non-stop, même s’il vous connaît depuis une heure à peine. Généralement doublé d’un dépressif. Phrase type « Enfin tout ça, c’est parce que je suis quelqu’un de sensible ». Passe son temps à checker ses messages téléphoniques d’un air stressé. Redoutable sans prise de caféine au préalable.
Le pervers/frustré : un peu comme le bavard, sauf que lui, il matte honteusement tout ce qui bouge dans la rue, quitte à s’interrompre au milieu d’une phrase pour s’adonner à cette activité qui illumine son regard. Aime bien se la jouer et rappelle souvent qu’il est célibataire. La pire espèce est macho et adore raconter des blagues nulles sur lesquelles il ne faut pas oublier de sourire. Sinon il croit que vous avez pas comprit et essaye de l’expliquer et là, c’est le drame.
S’il vous sort « ça fait 5 ans que j’ai pas baisé », vous êtes en droit de paniquer (merci à Alyette pour son témoignage et cette citation extraordinaire).
Le désinvolte : Pour lui, vous êtes un chauffeur de taxi. Passe son temps à vous piloter dans toute la ville avec un arrêt toutes les 5 mins pour aller chercher le pain/beurre/croissant/steak/chien ou passer dire bonjour à pote n°1 /ex/facteur/prêtre. Au moins avec lui on maitrise l’arrêt en double file et les créneaux à l’arrache. Phrase type : « Fais-moi penser à rappeler la bonne femme de la caisse d’épargne ».
Bref. Il y en a plusieurs et les rôles sont cumulables. Dans tous les cas, il faut garder des nerfs d’aciers et être concentré pour deux passke mine de rien, vous savez pas encore conduire et le danger rôde.
A la fin de l’heure, vous avez envie de tuer quelqu’un (le moniteur au hasard), vous vous sentez dans un état de nerf et d’épuisement extrême mais vous êtes en vie avec le soulagement du devoir accompli.
A côté de ça, y a de l’adjudant-chef qui peut aller se rhabiller.
Discipline ? check.
On vient déjà de le démontrer, mais il faut aussi prendre en compte la résignation blasée de tout ces gens qui se croyait tiré d’affaire avec 25h de conduite. Ahah, les naïfs !
– Bon, il va te falloir 4h de plus à X unités euros l’heure. On en reparle la semaine prochaine.
– Sir, yes sir !
Et ça rigole pas dans les rangs, y a pas le choix. Le comble du test de discipline, c’est quand même le lieutenant-colonel euh…l’inspecteur pardon, passke des fois, c’est bien gratiné 😀
Oui monsieur, tout à fait monsieur, je suis une merde monsieur, merci monsieur…XD
Enfin vous je sais pas, même si la politesse doit faire partie de package de base d’un individu quelconque, c’est pas dit que l’inspecteur soit au courant, en tout cas pas chez moi XD
Ceci étant dit, passez votre permis moto si la voiture ça vous saoule. C’est nettement plus fun et au moins vous avez pas à vous taper rire et chanson. 😀
Les gens, je m’ennuie grave.
Il n’y a malheureusement pas grand chose a faire au taf en ce moment.
Problèmes de serveurs divers et (a)variés. Impossibilité totale de lancer le moindre calcul, à l’insu de mon plein grès.
C’est vrai en plus.
Chômage technique qu’ils disent.
Glander une journée ça va. Plus, ça devient lourdingue.
Je passe donc mes longues heures de bureau a checker mes mails et trainer sur youtube en quête de LA découverte musicale de l’année.
Palpitant, je dois dire.
Si on me coupe le web dans ces conditions, je me sens capable de me jeter sur le responsable informatique de la boite avec forces hurlements d’agonie avant de le lapider à coups de rouleau de PQs en chantant “le petit bonhomme en mousse”.
Carrément.
Fuckin’ bureaux “open-space”, sans eux j’aurais ramené une pile de DivX depuis longtemps.
Mais baste, je vous présente les deux piliers de ma vie en Angleterre, actuellement:
Donc voila, quand vous voulez faire la vaisselle, vous avez le choix entre vous ébouillanter les mimines avec tout le package grimaces de douleurs qui va avec ou bien y passer 2 ans et faire ça à l’eau froide.
Mais “WTF ???” j’ai envie de dire ?
Je suspecte cette façon binaire de distribuer l’eau comme étant en partie responsable de la quantité d’assiette sale abandonnées a cote de l’évier par mes collocs.
Ou sur une plus grande échelle, on tient peut-être une explication quand au nombre non-négligeable “de plats tout prêt a manger cash dans la gamelle fournie” qui colonise les supermarchés (les Tescos quoi) du pays.
Oue.
Le truc qui déchirre tout en Angleterre:
La Ben et Jerry’s en pot. Dans tous les Tescos (les supermarchés quoi). Du coup j’ai toujours un stock de “cookies dought” a mon nom dans le congelo. Jubilation violente.
Le truc qui saoule en Angleterre:
Impossibilité absolue de trouver de la crème fraiche digne de ce nom.
Après avoir teste deux marques différentes, pense se rabattre sur la mascarpone.
Rêve de spaghettis carbonara toutes les nuits.