Articles de juillet 2009 ↓

Top of ze wave.

Me voilà de retour du Cap, reposée, l’œil vif et le l’épiderme quelques tons plus bruns qu’avant le départ. Et ce petit séjour revigorant m’a donné envie de vous dévoiler les arcanes d’un sport qui fascine les foules, ou pas : le surf.

Croyez-moi, on a tort de faire l’amalgame surf=sport de poseur.
Sauf pour l’engeance qui plante le nez de sa planche dans le sable à la verticale, parce qu’il faut être un sagouin laqué d’une couche d’amateurisme épaisse comme ça pour traiter son matos avec si peu de considération.

surf

Le surfeur a un pet au casque, parce que c’est la seule raison qui justifie d’aller ramer comme un débile FACE aux vagues avant de s’adonner au surf proprement dit. Il y a aussi cette technique fabuleuse qu’on appelle « le canard », qui consiste à plonger AVEC sa planche SOUS ladite vague qui vous arrive de face dans la figure, plein pot, avec un rugissement furax. Oue, moi aussi, la première fois qu’on m’a dit ça j’ai rigolé mais c’est même pas une blague.

Le canard consiste grosso-modo à plier un genou, tendre une jambe, pousser sur ses bras, se tortiller un peu, prier un bon coup et essayer de faire couler le surf. Trivial. A partir de là, vous avez plusieurs issues :

1)      La technique réussie et vous traversez un espace d’eau béni, vierge de toute turbulence, alors que l’enfer liquide se déchaîne au-dessus de votre tête.

2)      Ça réussit à moitié, la vague vous écrase le dos et vous passez de l’autre côté avec l’impression qu’un bucheron suédois vous a flanqué une bourrade amicale entre les omoplates.

3)      Ça foire totalement, le rouleau vous aspire en essayant de vous péter les reins, vous envoie directement dans l’estomac d’un lave-linge bloqué sur le mode « essorage » avant de vous relâcher tel un jouet brisé pour s’en prendre à votre planche. Laquelle, engloutie par la vague, vous traine par la cheville, sous l’eau, sur une dizaine de mètre ou deux, même si vous plantez vos ongles dans le sable en vous râpant le menton contre des restes de coquillage pour échapper au tour de manège supplémentaire. Si on filmait le tout, on aurait des scènes dignes d’un Tex-Avery. Les poissons doivent s’en payer de sacrées tranches, moi j’vous le dis.

Quelle qu’en soit l’issue, vous vous en sortez en crachotant, un œil noyé sous une mèche de cheveux passke l’océan ça décoiffe, l’autre clignant bêtement pour en éjecter l’eau salée. Vous relevez la tête et « Oh surprise », une autre vague vous arrive dessus, encore plus grosse que sa petite copine. Avec un peu de bol, vous aurez aussi une crampe.

Après il y a l’étape vachement marrante qui consiste à prendre une vague. Avant d’arriver à bondir sur votre surf avec une grâce toute féline, sachez que vous expérimenterez beaucoup de cas ou on vous explique que « ça passe ! ». Sauf qu’au pied d’un mur de 2,5m de flotte un peu grognon (hauteur max hein, au-delà, je recommande perso de s’en tenir aux châteaux de sables) qui vous propulse la tête en bas, « ça passe carrément paaaaaaaas !!!!! ».

Le tout suivit de « MAMAAAAAAN » and/or « WHOUAAAAAAAAA »  puis BLOUUF : insert furious waves roaring here plus moultes gémissement subaquatiques.

Si vous êtes chanceux, ça se passera comme à l’étape 3. Autrement, un rouleau un peu joueur peut vous éjecter la tête la première sur un banc de sable recouvert de 30cm de flotte, ce qui est fort peu comme épaisseur d’amorti. Surtout si vous retombez en vrac sur la tranche de votre surf passke là ça fait vraiment mal de type bobo.

Si malgré tout, vous vous en sortez vivant, ce sera avec des bras sur le point de se détacher du corps, en haletant comme un husky sous le soleil du 15 aout avec des bleus partout et en vous trainant pour black-outer sur votre serviette de plage.
Et quand vous rentrerez à la maison, le visage aussi salé et brunit qu’une tranche de bacon sur le grill, les seules choses qui vous feront fantasmer sont 300g de spag’ bolo et une entité ressemblant à un hamac/matelas/canapé pour vous y endormir la bouche grande ouverte à 20h pétante. Vive le sport.

Tchou-tchou

Kids, le train et moi, c’est une grande histoire d’amour. On s’y pose pour quelques heures avec un bouquin, de la bonne musique et on laisse passer le temps : le grand luxe (même si au-delà de 5h de trajet, ça peut devenir longuet, je vous l’accorde).

En revanche, il y a toutes ces petites choses qui font que le meilleur des trajets peut devenir un véritable cauchemar :

– Le voisin senteur aisselle : se décline également en version « empeste le vieux rance pas frais ». Déclenche des grimaces pour chaque m3 d’air brassé. L’odorat humain étant heureusement très bien fait, vous pouvez espérer que vous serez de moins en moins incommodé à mesure que le temps passe.

– Le syndrome du frigo : ou l’art de mettre la clim à 15° plein pot dès les beaux jours, ce qui oblige les voyageurs entrant dans la catégorie « petite chose délicate et frileuse »  (comme moi) à se munir d’un pull et d’une écharpe pour les voyages, même si la température extérieure taquine les 30° à l’ombre. Existe sous forme inverse, avec des wagons relookés en étuve à l’occasion des fêtes de Noel. Ou aussi sous l’apparence de la panne de clim’ généralisée aux alentour du 15 aout qui métamorphose le train complet en papillote, et vous scotche littéralement à votre siège si vous voyagez dans un vieux wagon avec fauteuil en simili-cuir-crade.

– Les colonies de vacances : terrifiant adversaire, qui est à la fois multiple, envahissant et terriblement sonore. A le statut de boss ultime. « The Alpha and the Omega, the Beginning and the End… », vous voyez le genre.

– Le kéké qui découvre la technologie : s’extasie devant la toute puissance de son nouveau téléphone/ordinateur et tient à faire partager à tout le wagon son enthousiasme en testant toutes les sonneries ou en faisant grésiller du RnB. Passés quelques temps, le comité des voyageurs en souffrance se cotise pour lui refiler une paire d’écouteurs.

Ce week-end j’ai eu droit à la catégorie « regroupement de famille qui part en vacances » pendant plus de 5h et c’était tout simplement insupportable. Le genre qui vous colle une migraine à se fendre la tête en deux sur sa tablette. Couinements et exclamations suraigües, braillés par une demi-dizaine de bouches plus ou moins édentées, soutenus par un chorus de « chut les enfants, on ne crie pas », murmuré par une entité qui devait représenter les parents des monstres en question.

Crise de larmes en stéréo, feulement de colère capricieux en Dolby-surround, hurlements full reverb. On devrait vendre des martinets au wagon-bar, ça règlerait bien des problèmes. Et aussi, le petit manuel du parent laxiste en pleine crise d’autorité. Genre pour calmer les gamins ils leur font réciter les chiffres et les couleurs en allemand puis en portugais, en chœur, rythme et fortissimo. Quelle bonne blague.

Généralement la meilleure stratégie dans ce genre de cas c’est « courage, fuyons », mais le train étant plein comme un œuf, j’avais moyennement envie de me taper tout le trajet debout appuyée contre le porte-bagage avec mes 7h de sommeil en cumulé sur le week-end. Avec le recul je crois que j’aurais du dormir par terre entre 2 wagons, ç’aurait été la combinaison gagnante.

Bref, quelques heures à ce régime et les passagers exhibaient tous leur plus beau regard assassin. Personnellement j’ai réalisé sur le tard que je montrais les dents en un rictus franchement sanguinaire bien crispé, au moment où une mamie s’est levée pour récupérer son petit fils qui piaulait entre les sièges. Rétrospectivement je crois que je faisais cette tête depuis plusieurs minutes. Vu comme elle avait l’air inquiète et la façon dont elle m’a regardé elle devait (à raison) craindre que je lui saute à la gorge. J’ai succombé à la tentation du sarcasme en demandant à une des mamans quand est-ce qu’ils comptaient revenir de vacances.

– Vendredi, pourquoi ?

– Juste pour être certaine de pas monter dans le même train que vous.

Donc soyez prévenus, vendredi prochain sur la ligne Paris-Pau, c’est l’enfer sur terre.

Mis à part toutes ces considérations, le week-end valait son pesant de cacahouètes. Virées nocturnes, fiestas, rugby, squattages intensifs, sauna l’après-midi, proposition indécentes et autres romans feuilleton, j’en passe et des meilleurs. Vendredi prochain, c’est vacance pour une semaine, et ça aussi ça s’annonce bien. Voilà.