Les ptits loups, l’heure tourne. Dans plus ou moins quatre jours, je braverai une dernière fois le trafic indien pour rejoindre l’aéroport et mettre le cap sur Paris. J’aurais pourtant aimé vous parler d’encore une foultitude de choses :
- Des records que l’on admire sur les routes :
- 5 indiens sur une Honda 150cm3 (père-mère-enfants-bébés…au moins si la moto se plante, tout le monde ramasse…) ;
- 10 dans un rickshaw : 6 à l’intérieur et 4 en rappel à l’extérieur…sachez que la contenance classique est de l’ordre de 3 européens pas trop baraques autrement le moteur cale dans les côtes ;
- Et enfin le stationnement en triple file minimum qui vous transforme des parkings complets en casse-tête chinois.
- De mon chauffeur qui a très vite compris que pour calmer 3 français bien remontés à l’arrière de sa bagnole après un accrochage avec les flics, y avait rien de tel qu’un CD de Lady Gaga.
- Et (puisqu’on en parle) de mes nouvelles mésaventures avec les forces de l’ordre et des services de sécurité. Ils sont lâches. Et intolérants. Et useless. Je ne les aime pas.
- Du Village dans son état actuel : désert dans la brume poussiéreuse de l’aube, avec les détritus jonchant le sol et les silhouettes déchiquetées des structures qu’on démonte entre les résidences abandonnées, on se croirait perdu dans Silent Hill le jour de Noël.
- Des défonçages de cloisons à grands coups de lattes, LA spécialité des contremaitres roumains/tunisiens bien dans leurs baskets. Personnellement j’y vais avec un peu plus de délicatesse et je me contente d’un petit bond gracieux au-dessus des murs avec deux workers pour me faire la courte échelle. Pour obtenir des clés dans ce pays, faut prendre rendez-vous 15 jours à l’avance, préparer un classeur blindé de formulaires avec chacun 3 coups de tampons différents, avoir un forfait téléphonique illimité, risquer sa vie dans La Maison Qui Rend Fou (Asterix avait raison sur toute la ligne, hormis sur le fait qu’elle se trouve en Inde et non pas en Égypte) et faire des libations d’hectolitres de lassi sur l’autel des cas désespérés en chantonnant du Patrick Sébastien déguisé en Grand Schtroumpf pendant une éclipse le jour du solstice d’hiver. S’il neige ça marche encore mieux.
- De certains chefs-d’œuvre indiens…je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’en voir des masses, mais quand on voit ce qu’ils ont pu bâtir en 5 ans, par exemple, on se demande comment ça se fait qu’ils n’aient pas bouclé les Jeux en deux coups de cuillères à pot. Impressionnant.
Prise de guerre.
Et j’en passe. Mais j’ai pas trop le temps là, et tout ça me donne envie de dresser un petit bilan, vite fait. Parce que c’était quand même une sacrée expérience. L’Inde est loin d’être un pays tendre, c’est un fait. J’ai aussi passé le plus clair de mon temps ici à bosser, ce qui au final était un tantinet aliénant. Mais c’est un train de vie assez incroyable, sans aucune routine ni temps mort. En travaillant à l’étranger avec des gens que vous côtoyez quasiment 24h/7j sur des projets pareils, les règles sont fondamentalement différentes de ce que vous pouvez trouver dans des bureaux parisiens. Ajoutez à cela que la plupart de ceux qui sont ici ont un parcourt atypique et viennent d’un peu partout : Humainement, c’est une autre dimension. Il y a ces rares et fabuleuses soirées où les « vétérans », réunis autour d’une vodka ananas dans la cour d’un quelconque palace indien, font leurs récits de leurs guerres : des lampes orientales répandent une faible lumière orangée sur l’assemblée, trop diffuse pour chasser complètement les ombres qui se découpent sur les visages. Le décor est planté et un parfum d’encens et d’aventure flotte dans l’air:
– Tu te souviens de la Confèd’ Cup en 2009, Joe ? le jour où on a mis la pression au premier ministre ? on est retourné au chantier après la réunion et on s’est retrouvé tous les deux à creuser une tranchée derrière un stade à 2h du mat’ !
– Oue. (Une rasade de cocktail). Putain d’Angola…
Je force à peine le trait, et c’est juste magique : on dirait les radotages sur la guerre du Vietnam de deux vieux GIs au comptoir d’un bar. Tout ça pour dire, on a un peu l’impression d’être dans un autre espace-temps et le décalage au retour va me faire un drôle d’effet. Des missions pareilles, c’est assez fou et honnêtement, complètement top.
L’autre effet secondaire d’un séjour dans ce genre de pays c’est que tous les menus soucis qui vous encombraient l’esprit avant de partir se sont évaporés et…hein ? Quoi ? Des problèmes ? Mec, cherche pas, ma vie est juste parfaite.
Ceci dit, je suis pas mécontente de rentrer au bercail : je me sens usée, j’ai mal partout et un petit changement de rythme me ferait du bien. Ce qui me fait penser que je vais copieusement rigoler en débarquant à Roissy avec ma valise (cassée) : un jean d’été, un t-shirt et mon unique vieux pull sur le dos…j’avais pas pensé aux menues variations météorologiques en faisant mon sac il y a deux mois. J’vais être aussi réchauffée qu’une antilope parachutée sur une banquise, ça va être sympa tiens. On en reparle la semaine prochaine !
1 commentaire jusquà maintenant ↓
Coucou la belle!! Je suis décue que ton périple s’achève… Qui va venir égayé ma petite vie de thésarde entre deux manip ??
Petite précision cependant : La maison qui rend fou d’Astérix ne se trouve pas en Egypte…. A ton avis, quel pays (hormi l’Inde apparemment) détient une administration aussi (in)efficace ? Autre indice : regarde la nationalité de l’auteur…
En tout cas, si u passes sur Lyon, tiens moi au courant!!
Bises
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