« Bienvenue en Enfer ». Ça, c’est la première chose qu’on m’a dite quand j’ai mis les pieds au Village. Le deuxième accueil s’est soldé par un « Welcome in South Africa », lancé par un chef d’équipe avec des cernes jusqu’au menton qui avait pas réalisé que la World Cup (comme ils le disent affectueusement là-bas) était fini depuis une paye et qu’il avait changé de continent. Okay.
Cinq minutes après être entrée dans le sacro-saint de l’État-major des lieux (à savoir un container de camion climatisé avec 6 chaises autour d’une pauvre table aussi défigurée qu’après un séjour en ZEP), on m’a servi un grand moment de craquage sur Waka Waka, craché par des haut-parleurs de PC un peu usés et 3 membres du staff (un peu usés eux-aussi) qui gesticulaient les bras en l’air. Okay.
Pour la petite histoire, les ¾ de l’équipe postée en Inde sont passés par la case Sud Af’ avant d’atterrir à Delhi et on n’imagine pas les dégâts collatéraux que Shakira a infligés à ces pauvres gens pendant leur séjour. (Amis Insaliens, dites-vous que pour eux, cette chanson, c’est grosso-modo l’équivalent de Jésus revient pour un Ziket’. C’est dire.)
Bref, petit pétage de plomb, qui peut s’expliquer assez facilement par le fait qu’à partir du 3 octobre c’est le lancement des Jeux du Commonwealth : 11 jours de compétitions pour 70 nations et le plus grand évènement sportif organisé par le pays depuis les années 80. Simplifions les choses, et appelons un chat un chat, c’est un bordel absolu et à l’heure actuelle les indiens sont complètement à l’arrache.
Et en l’occurrence, le Village des athlètes, c’est la jungle. Déjà parce que ça fait au moins une semaine qu’il aurait du accueillir des gens et qu’on en est au stade de poser des câbles entre les apparts’, les trottoirs déchiquetés et les chiens errant. Qu’il fait au bas mot 35° et qu’une journée là-bas s’accompagne invariablement de 15 bornes parcourues à pied et de 4 cadavres de bouteilles d’eau. (Si vous êtes chanceux y a parfois un tracteur ou un semi-remorque qui peut vous prendre en stop). Le pire c’est quand il pleut. Normalement la mousson aurait du s’achever il y a 2 ou 3 semaines mais visiblement y a un mec là-haut qui a décidé de faire du zèle. Et quand il pleut en Inde, c’est pas des gouttelettes de fillettes : vous survivez 5 minutes sous un parapluie/cape de pluie en évitant les flaques (pardon, les torrents)…mais passé ce délai vous êtes tellement trempés qu’après tout, autant laisser tomber les subtilités et patauger allègrement dans la flotte en-t-shirt.
La mascotte, qui était probablement prévue à la base pour représenter une marque de céréale pour gamin.
Bref : je voulais de l’action, du terrain, du réel…je suis archi-servie. Et aussi très contente, au moins on s’ennuie pas ici. C’est la première fois de ma vie que j’arrive à oublier à quel jour de la semaine on en est. Et aussi la première fois que je m’endors comme une loque sur ma chaise pendant une pause café.
La sécurité s’accroit aussi petit-à-petit et la moindre excursion sur un site s’accompagne invariablement d’une ou deux fouilles de sécurité. Au passage, je sais pas quelle vidéos on a fait mater aux fliquettes indienne pendant leur formation mais je pense qu’il y a eu un petit malentendu : généralement quand on essaye de palper la poitrine d’une nana aussi franchement, c’est pas pour une fouille au corps mais passons…les flics ici c’est du collector, faudra que je vous en parle un peu plus à l’occasion. En attendant, croisons les doigts pour qu’une bombe n’explose pas dans le coin…
En ce moment le programme est donc plutôt musclé mais l’ambiance est très bonne et y a un peu de tout. Dans ma team y a du roumain, du tchèque, du français, du sud af’, de l’anglais et même un suisse. Majoritairement, on parle principalement la langue de Shakespeare et aussi beaucoup, beaucoup le langage des signes quand il s’agit de bosser avec les indiens. Pas mal de gesticulation et entre ça, la marche à pied et le climat on n’est pas loin d’avoir l’efficacité d’un centre de Fitness un peu roots. Sérieux, que demande le peuple ?
0 commentaire ↓
Il n'y a pas encore de commentaire. Vous pouvez être le premier grâce au formulaire ci dessous.
Laisser un commentaire